Ejercicio
A una aldea en la retaguardia
cuatro artilleros marchaban
de los pies a la cabeza
envueltos en polvo estaban
Iban mirando los campos
conversaban del pasado
y se daban vuelta apenas
cuando un obús había hablado
Los cuatro del dieciséis
hablaban de antaño y no el porvenir
y así se alargaba la ascesis
que los adiestraba para morir
Guillaume Apollinaire, Roma, 1880 – París, 1918
Versión © Gerardo Gambolini
imagen: s/d
Exercice
Vers un village de l'arrière
S'en allaient quatre bombardiers
Ils étaient couverts de poussière
Depuis la tête jusqu'aux pieds
Ils regardaient la vaste plaine
En parlant entre eux du passé
Et ne se retournaient qu'à peine
Quand un obus avait toussé
Tous quatre de la classe seize
Parlaient d'antan non d'avenir
Ainsi se prolongeait l'ascèse
Qui les exerçait à mourir
Siempre
A Madame Faure-Favier
Siempre
iremos más lejos sin avanzar jamás
y de planeta en planeta
de nebulosa en nebulosa
el don Juan de los mil y tres cometas
aún sin moverse de la tierra
busca las fuerzas nuevas
y toma en serio a los fantasmas
Y se olvidan tantos universos
cuáles son los grandes hacedores de olvido
quién sabrá entonces hacernos olvidar tal o cual parte del mundo
dónde está el Cristóbal Colón a quien deberemos el olvido de un continente
Perder
Pero perder de verdad
Para dar lugar al hallazgo
Perder
La vida para hallar la Victoria
Guillaume Apollinaire, Roma, 1880 – París, 1918
Versión © Gerardo Gambolini
Toujours
À Madame Faure-Favier
Toujours
Nous irons plus loin sans avancer jamais
Et de planète en planète
De nébuleuse en nébuleuse
Le don Juan des mille et trois comètes
Même sans bouger de la terre
Cherche les forces neuves
Et prend au sérieux les fantômes
Et tant d'univers s'oublient
Quels sont les grands oublieurs
Qui donc saura nous faire oublier telle ou telle partie du monde
Où est le Christophe Colomb à qui l'on devra l'oubli d'un continent
Perdre
Mais perdre vraiment
Pour laisser place à la trouvaille
Perdre
La vie pour trouver la Victoire